
Les copains,
Si Socrate avait eu connaissance du syndrome d’Asperger, ou du moins de ce que nous en savons aujourd’hui, il l’aurait probablement abordé en philosophe en cherchant à en dévoiler la dimension métaphysique, éthique et politique, plutôt que médicale. Voici pour toi un petit délire – plausible – de ce qu’il aurait pu écrire, dans le style de ses dialogues :

Socrate : Dis-moi, Glaucon, que penses-tu de ces âmes qui, marchant dans la cité, paraissent étrangères aux jeux des hommes, détournant leur regard des tumultes, et se tenant dans une lumière que nul autre ne voit ?
Glaucon : Je les crois maladroites, peut-être perdues dans leur propre monde, comme si elles s’étaient écartées du chemin commun.
Socrate : Et si, au contraire, elles suivaient un chemin plus ancien et plus vrai, mais que nous avons oublié ? Car n’as-tu point remarqué que ces êtres s’attachent davantage aux Idées qu’aux ombres, qu’ils aiment la vérité nue plus que les discours convenus, et qu’ils se soucient peu de plaire, préférant être justes plutôt qu’acclamés ?
Glaucon : Tu voudrais dire qu’ils sont philosophes sans le savoir ?
Socrate : Peut-être. Car l’âme que les hommes disent étrange pourrait bien être une âme dont le Daimon parle plus fort que les voix du marché. Leur difficulté à entendre nos usages ne viendrait-elle pas de ce que leur oreille est tournée vers une musique plus haute, une harmonie dont nous avons perdu l’accord ?
Glaucon : Mais pourquoi alors paraissent-ils souffrir dans la cité, comme si le poids du monde les écrasait ?
Socrate : Parce que la cité n’a pas encore appris à honorer leur différence. Elle voudrait qu’ils se tiennent dans les mêmes pas, qu’ils rient des mêmes choses, qu’ils parlent selon l’habitude. Mais ces âmes, vois-tu, ne sont pas faites pour les simulacres. Elles portent en elles une quête de pureté, un rayon du Bien qu’elles ne peuvent trahir. C’est pourquoi elles trébuchent parmi nous : non parce qu’elles sont faibles, mais parce que notre monde est plein de bruit et de feintes.
Glaucon : Que faudrait-il faire pour qu’elles vivent mieux parmi nous ?
Socrate : Que la cité apprenne à se taire parfois, à laisser place à la lumière des Idées qui les habite. Car celui qu’on appelle différent est peut-être le messager d’une vérité que nous ne savons plus voir. Le véritable aveuglement n’est pas le leur, mais celui de ceux qui refusent de contempler avec eux l’éclat des choses éternelles.
Autrement dit :
Socrate aurait vu l’Asperger non comme une « anomalie », mais comme une variation de l’âme, parfois plus proche du monde intelligible que du monde sensible. Il aurait sans doute affirmé que ces êtres ne sont pas inadaptés à la cité, mais que la cité n’est pas encore assez sage pour comprendre leur langage.
Morale Socratique
« L’âme que les hommes disent étrange est souvent celle qui entend le chant du vrai monde que les autres ont oublié. »
C’était Katia en direct du JDA Girl News !
Photo Katia – Journal d’une Asper’Girl









Votre commentaire